Crise des économies dans les pays développés : après les Etats-Unis, la note du Japon est elle aussi dégradée
Après la dégradation de la note américaine le 6 août par l’agence de notation Standard and Poor’s, c’est aujourd’hui le Japon qui suscite des doutes sur sa capacité à rembourser sa dette. L’agence de notation Moody’s a donc abaissé d’un rang la note de la dette à long terme japonaise.
20 ans après l’éclatement de la bulle économique japonaise on a pu faire de nombreux parallèles entre les économies occidentales et la crise japonaise : croissance molle, impuissance des dirigeants politiques à mettre en place des solutions innovantes, recours massif à l’emprunt…
Pourtant les situations sont bien différentes et on aurait tort de ne pas considérer en amont les spécificités de l’économie japonaise avant d’en comparer en aval les conséquences avec les Etats-Unis ou les pays européens.
Revenons un instant sur les raisons d’une telle dégradation. En premier lieu la dette publique, la plus forte au monde relativement au PIB (210% et 164% selon les critères de Maastricht) soit près de deux fois plus élevée que celle des Etats-Unis, qui a considérablement augmenté depuis 2008 à l’apogée de la crise économique, en particulier lorsque le gouvernement a fait le choix de subventionner massivement les entreprises afin de ralentir la hausse du taux de chômage. Les vagues de faillites et la chute des salaires ont également diminué les recettes de l’Etat, sans compter la mise en place d’un plan de relance très coûteux.
Particularité de la dette japonaise cependant : des taux d’intérêt extrêmement faibles (moins de 1% actuellement) et le fait qu’elle est détenue à 95% par les ménages japonais, soit par de l’épargne familiale en raison du très faible choix de placement. Cette dette, bien qu’impressionnante, est donc tout à fait soutenable par le gouvernement japonais puisque très peu soumise aux mouvements spéculatifs. Il ne faut pas non plus occulter l’épisode Fukushima qui a complètement gelé la croissance nationale à 4,3% en 2010 et quasi-nulle en 2011. Il faut là aussi envisager une reprise de la croissance sur le long terme en raison des investissements de reconstruction et d’équipement des ménages
Contrairement aux économies développées des pays occidentaux, le gouvernement japonais qui pourrait être encouragé à mettre rapidement en place une réforme fiscale pour rassurer les marchés, dispose de nombreux leviers pour augmenter ses recettes, en particuliers les faibles taux d’imposition et de TVA qui pourraient être relevés.
Les difficultés propres au Japon ne tiennent donc finalement pas tellement dans la question de la dette publique et de la faible croissance, du moins pas autant que pour les économies occidentales, mais la forte valeur du yen qui pénalise les exportations ainsi que l’instabilité politique chronique pourraient y ralentir la sortie de crise et le remboursement du déficit budgétaire.